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Le théâtre intérieur : la dynamique des sous-personnalités

 

Deuxième partie : Archétypes et sous-personnalités

 

Juillet 2025

par Pauline Guérisse

Dans un premier article, nous avons vu que nous sommes individuellement animés par des dynamiques psychiques (sous-personnalités) qui tissent les trames de nos histoires, et que ces dynamiques s’appuient sur des forces appelées archétypes. Je voudrais ici revenir sur cette notion d’archétype propre à la pensée jungienne.

Voici comment dans Ma Vie, Jung parle de la naissance de ce concept :

«  Au départ, j’avais partagé l’opinion de Freud selon laquelle l’inconscient recèle des vestiges d’expériences anciennes. Mais l’expérience vivante réelle de l’inconscient m’amena  à la conception que ces vestiges ne sont pas seulement des contenus morts ni des formes usées de la vie mais qu’ils font partie intégrante de la psyché vivante. A partir de là se développa ma théorie des archétypes. »[1]

Les archétypes sont des tendances psychiques héritées qui ne sont pas des éléments morts, mais bien vivants. Ils sont des forces qui nous traversent et nous agissent collectivement et individuellement. Tout comme nous venons au monde avec des schémas instinctifs corporels innés  (par exemple un bébé sait trouver le sein de sa mère et téter) nous arrivons aussi avec des tendances psychiques héritées  qui sont comme des instincts, mais reliés au psychisme.

Les dieux et héros des  religions et des mythes personnifient ces tendances. Chaque dieu est animé d’une énergie spécifique avec des qualités, un élan, des besoins particuliers, un aspect lumineux et un aspect ombre.  En Occident notre inconscient est assez imprégné des archétypes des dieux grecs et latins. Dans d’autres cultures, d’autres représentations seront prépondérantes même si les archétypes sont les mêmes. On peut d’ailleurs établir des correspondances entre les cultures. Ainsi  l’archétype de la Mère, universel, a donné au fil du temps des représentations variées : des Déesses Mères, la Vierge Marie, Isis, la Bonne Mère ou la marâtre des contes de fée, Eve etc.. Un seul archétype mais différentes personnifications et représentations collectives. Plus on se rapproche de la racine archétypique, plus on approche d’une figure idéale.

Si un texte antique, un conte, un mythe peut nous toucher encore aujourd’hui c’est qu’ils reprennent les mêmes grands thèmes universels qui traversent le temps et l’humain. Ils expriment à l’extérieur les tensions et contradictions qui se jouent à l’intérieur entre nos « dieux intérieurs ».

Nous portons tous en nous en « miniature » un Arès-Mars porteur d’agressivité et de vitalité, une Vénus-Aphrodite, archétype de l’amour, de la sensualité, du corps, de la créativité, un Hermès-Mercure  archétype de Celui qui sait communiquer etc…. Ce sont des énergies psychiques préformées, qui dans leurs racines renvoient au socle commun de l’humanité, mais qui  vont s’actualiser et se développer de manière différente en  chaque individu selon son  tempérament de base et  l’expérience vécue.   On pourrait dire de manière imagée que si un archétype est une couleur pure, une sous-personnalité pourrait en être une émanation nuancée, chaque sous – personnalité procédant d’un archétype.

L’expérience vécue colorant chaque archétype fait référence à différents éléments tels que : l’environnement immédiat et plus large durant l’enfance, les traumatismes, l’époque, la catégorie socio-professionnelle, les croyances familiales, les héritages transgénérationnels).

Ainsi, tel enfant pourra facilement développer sa créativité au sein d’une famille d‘artistes alors que chez tel autre la créativité sera refoulée alors même qu’un petit artiste aspire à s’exprimer. Les sous-personnalités liées à l’art qui vont se développer seront différentes. Dans le second exemple, on peut imaginer que ce refoulement, qui est une négation profonde de soi, générera une profonde souffrance chez l’adulte. Aller récupérer l’artiste renié pourra être un axe du travail intérieur. Cheminer vers des parts de soi reniées ou blessées peut être un long parcours semé d’embûches et de résistances qui s’apparente à la Quête du Héros dans les contes et les mythes.

Toutes les sous-personnalités  vont se développer dans l’enfance en adaptation à l’environnement, tout simplement pour assurer la survie de l’enfant et vont s’organiser en un système cohérent.

Dans le prochain article nous verrons comment ce système se construit durant l’enfance et demeure un socle tout au long de la vie.

 

Pauline Guérisse (juillet 2025)

 

[1] Ma Vie C.G. Jung, p.277.

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